Les corbeaux et les mouettes

. vendredi 19 octobre 2007
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C’était la saison des labours. Le tracteur traçait inlassablement ses sillons et les socles de sa charrue déchiraient et retournaient la terre. Une traînée de volatiles noirs, s’animait frénétiquement à l’arrière de la machine. Les corbeaux étaient venus nombreux engloutir les graines, les larves et autres vers de terre remontés à la surface par la puissance mécanique. Le banquet bâtait son plein et chacun des convives trouva de quoi se mettre sous le bec. C’était ainsi depuis toujours….

Puis un jour, la procession se bariola un peu. Les ailes noires virent se poser quelques ailes blanches au milieu des sillons foisonnants de nourriture. Des mouettes avaient quitté leurs côtes nourricières pour venir se sustenter des mets tirés des entrailles de la Terre.

- D’où venez vous ? demanda le vieux corbeau.

- Nous venons de l’océan. Répondit la première des mouettes.

- Qu’est-ce que l’océan ?

- C’est une immense étendue d’eau que borde une langue de sable.

- C’est un grand étang ? questionna le vieux corbeau.

- Si l’on veut…mais il monte, puis redescend inexorablement. Il est si grand que jamais aucune mouette n’a pu encore le traverser.

- Croaaahhhh ! s’exclamèrent en chœur les corbeaux. Comme cela doit être beau ! Racontez-nous !

Et c’est ainsi que s’installa une amitié certaine entre les deux peuples. Les mouettes contèrent leurs voyages, entre deux becquetés de vermisseaux. Elles parlèrent des tempêtes sur l’océan, des festins de poissons, lorsque les chalutiers remontaient leurs filets. Elles plaisantèrent longuement sur la migration des deux pattes qui viennent s’allonger sur le sable, chaque été. Les mouettes sont rieuses.

Les corbeaux, étonnés autant qu’intéressés, agrémentèrent leurs questionnements de commentaires avisés et pertinents. Toutes ces conversations sur des contrées lointaines et insoupçonnées, les extirpaient de leurs traintrain monotones. Si bien qu’à chaque nouveau labour, mouettes et corbeaux était heureux de partager les nourritures du corps et de l’esprit. Mais un jour, cela devait changer…

Il y avait de moins en moins de poissons dans l’océan qui avait été vidé par les deux pattes et donc moins de nourriture à prendre dans les filets des chalutiers. Derrière le tracteur, les mouettes furent particulièrement nombreuses à venir se nourrir dans les sillons, ce matin là. On se salua par politesse, mais pas une aile noire ne chercha à entamer la conversation, trop affairés à chercher la bectance de peur d’en manquer. Lorsque le quatre roues quitta le champ retourné. L’activité des oiseaux retomba enfin. C’est alors qu’une aile noire lança ces mots en tançant une aile blanche du regard :

- j’ai faim ! Je n’ai pas le ventre plein, si tu n’étais pas venu manger mon grain, je n’aurais pas encore faim.

- Il reste de la nourriture, répondit l’aile blanche étonnée. Il suffit de chercher un peu plus pour la trouver, c’est tout.

Et la mouette, chercha quelques larves qu’elle présenta au corbeau, qui daigna accepter son offrande sans dire merci. Un petit corbeau prit alors la parole et dit :

- Nous ne pouvons plus accueillir toute la misère du monde. Désormais, il en sera ainsi. Vous attendrez que les corbeaux soient rassasiés et les aiderez à quérir leur nourriture avant de manger. Pendant leur repas, vous leur conterez des histoires pour les distraire. Ainsi, vous nous servirez à quelque chose.

- Mais, pourquoi ? Voila de nombreuses saisons que nous sommes parmi vous et…

- Il suffit ! Même si une mouette, vole, croasse et mange comme un corbeau, ça ne sera jamais un corbeau ! Ca reste une mouette ! Vous êtes chaque années plus nombreuses, c’est une invasion ! Soit vous acceptez nos règles, soit vous retournez sur la côte. Notre champ, soit vous l’aimez, soit vous le quittez !

Voilà à peu près les croassements tenus par le petit corbeau qui les tenait du vieux corbeau borgne. Puis les ailes noires regagnèrent leur arbre où ils croassèrent encore longtemps…

- Avec toutes ces mouettes, on ne se sent plus chez nous !

- C’est vrai, elles ne portent pas les mêmes plumes et certaines savent à peine croasser.

- Il faudrait pouvoir les choisir. Par exemple, ne pourrait venir que celles qui ont de belles histoires à raconter ! Les autres, on n'en a pas besoins chez nous.

- Et elles devraient apprendre le croassement avant d’arriver dans nos champs !

- Ce n’est tout de même pas de leur faute si il y a moins de poissons et de vers de terre…

- Tais-toi ! Si elles étaient moins nombreuses, y en aurait toujours plus pour nous !

- C’est quand même grâce à elles, si nous savons planer aujourd’hui… ce sont elles qui nous ont appris à jouer avec le vent !

- Et alors ça me fait une belle patte ! Dans mon jeune temps, on ne planait pas !

- C'est tout de même grâce à leurs becs puissants que l'on peut percer des coquilles et manger des nourritures qui nous étaient interdites avant !

- Oh tu sais, moi j'ai des problèmes gastrique, alors....

- C’est quand même agréable de les entendre crier. Ca change des croassements.

- Vous les jeunes corbeaux, vous êtes inconscients et plein de bons sentiments, mais c’est pas ça qui va te mettre des graines sous le bec !

- Mais celles qui viennent depuis longtemps, elle sont un peu comme nous tout de même !

- Oui, pour celles-là on peut rien faire, mais les nouvelles, faut les virer et pis c’est tout !

- Oui, mais….

- Ferme ton bec ! C'est quoi cette farine que tu t'es mis sur les ailes?

- Euh...c'est la nouvelle mode...ça fait plus mouette....

- fout-moi l'camp ! p'tit c...


C'est ainsi désormais, entre les ailes noires et les ailes blanches. Ca ne résout en rien les problèmes de corbeaux, ni ceux des mouettes. Bien au contraire...

(Cette œuvre littéraire est une pure fiction. Toute ressemblance avec des faits, des corbeaux ou des mouettes existants ou ayant déjà existé, n’est que pure coïncidence. Mz Webzine se dégage donc de toute responsabilité)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Attention Peimpourte, ne clic pas sur le lien si tu ne veux pas t'énerver ;-)

http://www.liberation.fr/actualite/societe/285446.FR.php

peimpourte a dit…

Ce qui est dangereux dans ces propos, c'est qu'ils laissent à croire qu'il y aurait deux races bien distinctes, avec des patrimoines génétiques différents. Si c'est un coup de pub pour vendre son dernier bouquin, c'est tout de même gonflé! Encore pire que Claude Allègre qui nie le rôle de l'homme dans le réchauffement climatique pour écouler ses livres.

Tout ce que je sais moi, c'est que nos capacités intellectuelles diminuent avec l'âge. Et c'est programmé génétiquement.