Parabole de la vache

. jeudi 13 septembre 2007
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Il paraîtrait que, d’un point de vue du fonctionnement des boyaux de la tête, l’homme aurait tendance à exprimer haut et fort, des traits de caractère en total opposition d’avec ses traits de personnalité véritable, lorsqu’il les récuse et cherche à les combattre. C'est-à-dire par exemple, qu’un homophobe virulent aurait des pulsions homosexuelles refoulées puissantes, ou encore qu’une personne maniaque de l’ordre et du rangement, compenserait ainsi son désordre intérieur. Il faudrait de la même manière interpréter nos paroles, semble t’il. Ainsi, si je vous dis « je vous aime », il faut comprendre « aimez-moi ». Y a tout de même de quoi flipper. Que doit-on penser d’un homme en colère qui vous traite d’enc…. Et Si l’on vous martèle « je ne vous mentirais pas. Je ne vous trahirais pas. Je ferais ce que je dis et je dirais ce que je fais !», que faut-il comprendre ? Bon, après tout, moi je ne suis pas vraiment psy. Enfin si, mais plutôt tendance opathe, que ologue.

Tout ça pour en venir à une campagne de pub d’un grand distributeur breton dont l’affiche représentait la photo montage d’une espèce de centaure moderne à tête d’humain et corps de bovin à gros pis. Dont le slogan scandait sans honte : « Chez nous, on ne vous prend pas pour des vaches à lait ! » Et là, mon cerveau ne fit qu’un tour ! Bon sang mais c’est bien sur ! S’ils écrivent ceci, c’est pour ne pas être démasqués car ils pensent tout le contraire. Ils nous prennent donc pour des vaches à lait (ce qui n’étonnera personne). Etant donc, devenu une Prim Holstein et comme tout bovidé qui se respecte, je me mis à ruminer cette révélation afin d’apprendre à mieux me connaître.

De l’étude psychologique de la vache à lait dans son milieu.


Les vaches vivent en troupeau et elles broutent. Quand elles ne dorment ni ne broutent, elles s’allongent pour ruminer ce qu’elles ont brouté (J’ajoute qu’elles peuvent aussi ruminer en dormant). Quelle belle vie que celle de la vache, pense l’homme envieux. Pas de problème, elle n’a qu’à brouter. Mais c’est éluder le mal sournois et presque inconscient qui la tourmente : sa peur maladive de ne plus trouver de quoi brouter !

Presque toute l’année, la vache est parquée dans une étable, pour y être engraissée et traite. C’est l’usine en pire : y a pas l’alcool et TF1 pour tenir. Mais au printemps, c’est les vacances ! Les vaches partent en villégiature, dans les champs recouverts d’une herbe bien verte ! Il faut les voir gambader la tête haute, se dégourdir les muscles, sauter en s’étirant les guiboles, s’amouracher, bouser nonchalamment, s’encorner pour déconner, vivre quoi ! C’en est presque émouvant. Et ça broute…et ça broute !

Dans son broutage, parfois la vache relève la tête et contemple le reste du troupeau qui broute. Cela la rassure sur son destin de vache. Elle replonge donc son museau dans le gazon. Mais, quelquefois, dans son errance, elle s’éloigne et là, quand elle se redresse et qu’elle s’aperçoit qu’elle est seule, elle s’inquiète car tout un tas de questions lui monte à la tête : Où sont les copines ? Pourquoi je broute ? Paître ou ne pas paître ? A quoi servent les clôtures qui me ferment l’horizon ? Quel est ce monde qui m’est interdit ? Est-ce pour mon bien ? Qui sont les autres vaches que j’aperçois au loin ? Broutent-elles la même herbe ? Alors elle s’affole, ce qui indispose et contrarie sa digestion. Elle retourne donc vite vers ses bovines et replonge le museau dans le gazon.

Il arrive tout de même que la vache qui s’interroge sur son destin de vache essaie d’en beugler à ses congénères. Mais c’est peine perdue, car ces dernières lui demandent de se taire car on ne parle pas la bouche pleine. Mais surtout, les questions subversives risquent de contrarier la bonne marche du troupeau !

Eh oui…Et dans le troupeau, il y a d’ailleurs un chef. C’est un taureau. Pas de parité chez les vaches ! C’est habituellement le plus fort en beuglement. Chez les humains, on parlerait de rhétorique ou de communication. Il faut être malin, s’attirer des soutiens et prononcer des discours qui beuglent de pâturages meilleurs où la croissance de l’herbe, la fera plus grasse dans les champs, si l’on veut bien se donner la peine de bouser plus pour brouter plus. Car tout est dans la croissance, c’est bien connu. Et si ça ne suffit pas, on peut toujours accuser le troupeau d’en face de chercher à franchir la clôture pour manger notre herbe ! Ca fonctionne assez bien en général.

Parfois, malgré l’oppression ambiante (car il faut l’avouer, les troupeaux de vaches sont pleins de peaux de vache), il y en a une qui parvient tout de même à chercher plus loin dans sa quête. Certaines défoncent même les clôtures et refusent d’entrer docilement dans l’étable pour se faire enchaînées et traire. Mais tôt ou tard on les rattrape et on les brise! Bien souvent, elles ne font qu’accélérer leur destinée de steak haché. Ce qui semble terrifiant, c’est que même si l’une d’entre elles s’échappait de l’abattoir et parvenait à rejoindre le champ où est parqué son troupeau pour raconter ce qu’elle sait, elle passerait pour une vache folle auprès de ses congénère !

De toute manière, les vaches sont convaincues qu’ailleurs, par delà le trépas, il y a un paradis des vaches où l’herbe est toujours verte et grasse. Qu’il y a d’autres vies pour les vaches qui peuvent même, si elles sont sages, se réincarner en homme ! Voilà comment tourne le monde des vaches soumises et pusillanimes, aigries et rancunières. Toutes préoccupées à désherber la terre, elles en oublient de vivre.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

ahhh ce qui explique donc pourquoi elles relevent toutes la tete pour voir passer les trains.... elles revent elles aussi d'un herborado mythique...et elles se disent peut etre elles aussi...Demain,je pars ..

Anonyme a dit…

je ne veux pas passer ma vie à brouter, ça non !!! mais autour de moi tout le monde broute, certains même, ne pensent plus qu'à ça. Ils te regardent de haut syle "hey t'as vu? j'broutte plus que toi, t'as vu ma bouse ? hey !j'suis quelqu'un moi !"

de la bouse dans les yeux ouaih !!!